(Nouvelle République) Mary, du calme plat à la lumière

Clément Mary, champion de France amateurs, est très attendu sur le Cristal Energie. - (Photo sd)

Après Cédric Delaplace en 2013, Sojasun Espoir s’est de nouveau adjugé le titre amateurs. En haut de l’affiche, Clément Mary, sans références jusque-là.

Non, Steven Tronet (Auber 93) n'est pas le seul à avoir déjoué les pronostics et fait souffler un vent de fraîcheur sur le petit monde du vélo français en ce dernier week-end de juin, du côté de Chantonnay.

Avant le flot d'émotions et d'attentions qui les a escortés en Vendée, le sprinteur nordiste et Clément Mary (Sojasun Espoir) appartenaient plutôt à la face anonyme de leur peloton respectif. « Je ne réalisais pas, mais en deux ou trois jours, j'ai commencé à me rendre compte que c'était extraordinaire, sourit le Mayennais de 23 ans, particulièrement ému au moment de La Marseillaise après son titre national chez les amateurs. Un titre de champion de France, c'est vraiment à part.J'ai eu pas mal de sollicitations. Ça fait tout drôle, d'autant que je suis quelqu'un de discret. Pas au sein de mon équipe, mais dans le peloton. Tout le monde ne me connaît pas, je n'étais pas un crack en Bretagne. »
 
" Cette victoire change la donne, mais je dois encore en gagner deux ou trois importantes "

Celui qui est arrivé au sein de la formation de DN1 en 2015 a assez de modestie en lui pour prendre du recul sur l'exploit qu'il a signé. Ça tombe bien : l'emballement entourant toujours ce genre de victoire invite à la prudence. Ce n'est pas l'ex-Sojasun Cédric Delaplace, sacré en 2013 et aujourd'hui chez BIC 2000, qui dira le contraire. « Tout le monde me dit que je vais passer pro, mais moi je pense que ça ne suffit pas, tempère Clément Mary. Quand tu arrives en DN1, le but est d'aller chez les pros. Mais cette saison, je n'ai pas fait des débuts exceptionnels. Je me disais que ça allait être vraiment compliqué. Oui, cette victoire change la donne, mais je dois encore en gagner deux ou trois importantes. Surtout à mon âge. Je ne suis plus espoir… »
Un petit tour par le (maigre) palmarès du garçon en dit un peu plus. Deux succès en 2014 sur des épreuves toutes catégories (La Chapelle-sur-Erdre, Torigni-sur-Vire) et puis c'est tout. Plutôt logique quand on mêle vélo et boulot. C'était le cas sous les couleurs de l'ASPTT Rennes (2012-2015), ce n'est plus d'actualité depuis quelques mois. « C'est peut-être mieux comme ça pour la récupération, sourit le 4^e au général du dernier Tour Nivernais-Morvan. Ça change beaucoup au quotidien : on est souvent partis sur des courses par étapes et on est quasiment logés comme des pros dans cette équipe. Le staff, les conditions de vie, c'est top. »
Nouvel environnement pour un coureur « polyvalent », dixit son directeur sportif Steve Arbault, un brin surpris par la performance de son poulain. « Disons que j'avais d'autres cartes en mains pour la gagne, sourit le DS de Sojasun Espoir. Il était dans un grand jour. Cette année, on avait décidé de renouveler le groupe avec onze nouveaux visages. C'est un très bon coureur mais il n'avait jamais gagné de grandes courses. Il habite à 25 km du centre de Sojasun, donc on le voyait souvent sur le vélo. Aujourd'hui, on ne regrette pas notre choix. »
Cette victoire met un nouveau « gros coup de projecteur » sur la formation bretonne. Son scénario a laissé entrevoir une certaine science de la course chez le nouveau champion de France. « C'est un coureur qui a une très bonne pointe de vitesse et qui est très malin, affirme Steve Arbault. Il n'attaque pas n'importe où. A Chantonnay, il a pris l'échappée à deux tours de la fin. Il ne fallait pas s'enflammer, il l'a très bien fait. Et dans le final, son statut de non-favori l'a aussi aidé. »
Désormais, Clément Mary devrait hériter d'une surveillance rapprochée. 

Gaëtan Briard